Le Marais breton salé

Les sites

Vue sur le marais salé de Bouin (Crédit photo L. Tableau-FDC85)

contexte

» Le site

A l’origine le Marais breton était une grande baie, la baie de Bretagne, parsemée d’îles telle l’île de Bouin. La baie de Bretagne s’est progressivement comblée sous l’effet de dépôts d’alluvions et du développement d’une flèche sableuse sur les pays de Monts.
Les secteurs exondés ont été mis à l’abri de la mer par des endiguements successifs. Ces vastes zones ainsi gagnées sur la mer, environ 35 000 ha, ont été drainées par la création de fossés et façonnées en marais salicoles dès le VIIème siècle. Le sel a été le moteur économique du territoire entre les XIVème et XVIIème siècles.
L’envasement continu des marais a mis fin à l’âge d’or du sel et les activités sur le marais se sont diversifiées avec notamment le développement de l’élevage et de la pêche à l’anguille.

Sur le Marais breton, environ 9 000 ha sont encore aujourd’hui alimentés en eau salée depuis la baie de Bourgneuf ou l’estuaire de la Vie.

Le Marais breton salé est une mosaïque de prairies sub-halophiles et de de prairies maigres de fauches, de lagunes (anciens bassins des marais salants), de prés salés, de fossés et de mares.

Le Marais breton salé fait partie du site Natura 2000 et Ramsar « Marais breton, baie de Bourgneuf, île de Noirmoutier et forêt de Monts » d’une surface de 55 800 ha (Zone Spéciale de Conservation et Zone de Protection Spéciale).

Carte du Marais breton alimenté en eau salée (source : SMBB)

» La biodiversité

La mosaïque de milieux dans le marais salé et le gradient de salinité avec des marais exploités pour la saliculture ou la conchyliculture, des marais à l’abandon, un réseau de fossés très dense et des zones en eau douce jouent un rôle primordial pour la nidification de nombreux laro-limicoles. C’est également une zone privilégiée pour le stationnement et l’alimentation hivernale des oiseaux.

Une cinquantaine d’espèce d’oiseaux, visées par la Directive Oiseaux, utilisent le Marais breton salé dont 20 figurant à l’Annexe I de la Directive (protection stricte).

Le Marais breton dans sa partie alimentée en eau salée est un site majeur pour plusieurs espèces :

Le site a également une importance particulière pour la nidification du Vanneau huppé (Vanellus vanellus, 7% des effectifs nationaux sur le marais salé), du Chevalier gambette (Tringa totanus, 50 à 60% des effectifs nationaux) et du Canard souchet (Anas clypeata, 60 à 70% des effectifs nationaux).

Pour la faune on peut également citer l’Anguille d’Europe (Anguilla anguilla), encore bien présente sur le Marais breton salé et le Leste à grands stigmas (Lestes macrostigma) avec une population sur les marais du Daviaud à La Barre de Monts.

Pour la flore, l’Armoise maritime (Artemisia maritima) est essentiellement présente sur les marais de la Vie.

Le site accueille au moins une station de Tolypelle saline (Tolypella salina) sur le marais de Millac.

» Les activités socio-économiques

Le Marais breton salé est dominé par l’activité d’élevage extensif. Les prairies naturelles sont valorisées principalement par des troupeaux de vaches allaitantes ou par la fauche. Les éleveurs sont les principaux acteurs de l’entretien des fossés tertiaires et de la gestion hydraulique du marais salé.

La conchyliculture (ostréiculture et mytiliculture) est bien présente sur les polders ostréicoles à proximité de la baie de Bourgneuf qui est un des plus important bassin conchylicole du littoral français.

Enfin, une vingtaine de sauniers exploitent des marais salants avec plusieurs installations ces dernières années.

» Les menaces

Le Marais breton salé est plutôt bien préservé.

Les principales menaces sont le développement des espèces exotiques envahissantes (notamment le Séneçon en arbre, Baccharis halimifolia), la dégradation du réseau hydraulique et l’intensification des pratiques agricoles sur les prairies ou le retournement des prairies.

Elevage en Marais breton salé (crédit photo : Pierre Le Lann)

Sel en Marais breton salé (crédit photo : Stéphane Grossin)

Sites pilotes

Pour le marais breton, le site pilote retenu est le marais de Millac.

D’une surface de 318 ha, il est situé sur les communes des Moutiers-en-Retz et Villeneuve-en-Retz en Loire-Atlantique.

Il a été choisi en raison de la forte déprise du site (peu d’usage et peu de gestion des bassins, envasement important, développement du Séneçon en arbre) et de la volonté des acteurs locaux de le restaurer, notamment des élus de la commune de Villeneuve-en-Retz.

30 bassins appartenant à 13 propriétaires vont être restaurés.

Les actions consistent à retrouver un marais salé plus fonctionnel avec le curage du réseau principal et des fossés alimentant les bassins.

Au sein des bassins, des travaux favorisant la biodiversité seront entrepris tels la création d’îlots de nidification, la pose et la gestion de petits ouvrages hydrauliques, le curage de bassins, la remise en état de bossis…

Des actions contre les végétaux et les rongeurs exotiques envahissants seront également réalisés.

L’ensemble des actions permettra de retrouver un milieu plus fonctionnel et de qualité notamment avec le retour en nombre, on l’espère, de l’avocette élégante.

Un bassin dans le marais de Millac (Crédit photo : SAH)

Résultats

Les états initiaux réalisés sur le marais de Millac montrent que :

  • En ce qui concerne l’habitat lagunaire, l’état des 30 bassins est très hétérogène avec un état de conservation allant de bon (présence d’herbiers, de pentes douces) à très dégradé.
  • En ce qui concerne l’Avocette élégante, il y a 28 à 43 couples sur la zone d’étude mais seulement 1 couple nicheur probable sur les 30 bassins qui seront restaurés. Les Avocettes sont présentes actuellement sur des bassins peu sécurisés avec un nombre de jeunes à l’envol faible.

Les potentialités de restauration des bassins ciblés dans le marais de Millac sont donc importantes.