Biologie/écologie
La Tolypelle saline (Tolypella salina) est une espèce végétale de la famille des characées, un groupe d’algues dite « évoluées ». Les characées forment des herbiers aquatiques denses observés tant en eau douce que salée.
Grêle, peu ramifiée, de couleur plutôt vert foncé à brunâtre, elle est de petite taille, d’une dizaine de centimètres au maximum.
La Tolypelle saline est une plante annuelle vernale en ce sens qu’elle germe à l’automne et fructifie en fin d’hiver et début de printemps en formant des amas orangés contenant les « graines ». Plutôt pionnière, elle est strictement affiliée aux eaux salées, voire hypersalines subissant une baisse de salinité progressive par les pluies. Cette dessalure quasi-totale de l’eau est nécessaire à la fructification de l’espèce. Elle peut s’associer à d’autres characées, algues et plantes aquatiques tolérant ces conditions très contraignantes.
Elle se développe au sein des marais salants/salés abandonnés ou beaucoup plus rarement dans des salines exploitées en fonction du calendrier d’intervention du paludier/saunier, notamment lors de l’« habillage » du marais en fin d’hiver.
Statut de protection et de conservation
La Tolypelle saline est protégée au niveau national.
Malgré son statut de conservation très défavorable, et sa forte valeur patrimoniale, la Toypelle saline n’est pas inscrite à la directive Habitats Faune Flore.
Répartition et état des populations sur les sites Natura 2000
Sa découverte est récente et sa répartition est très limitée, en France et en Espagne selon l’état des connaissances actuelles.
En Pays-de-la-Loire, plusieurs observations ont été réalisées depuis les années 2010, notamment sur les marais de Guérande, de l’Ile de Noirmoutier et de Millac.
La répartition de la Tolypelle saline est sans doute mal connue au sein des sites Natura 2000 du LIFE Sallina. En effet, son développement est lié à des conditions de salinité très particulières encore mal connues. Sa germination n’a donc pas lieu forcément tous les ans. Les spores stockées dans les vases ont par contre une durée de vie de plusieurs années et ne s’expriment que quand les conditions le permettent.
Objectifs de conservation / menaces / actions prévues dans le LIFE
Les herbiers à Tolypelle saline sont un des faciès de l’habitat lagunaire ; la conserver permet de conserver la diversité de cet habitat.
Le facteur principal pour la conservation de la Tolypelle saline est le maintien d’habitats lagunaires de faible profondeur avec un fonctionnement proche des milieux naturels, avec une sursalure l’été et une dessalure l’hiver et au début du printemps.
Sa présence dans les salines, parfois dans les œillets, peut être considérée comme contraignante au moment de l’habillage du marais. Sa conservation demande donc une approche particulière de la part du paludier ou du saunier pour laisser à l’espèce le temps de réaliser son cycle de vie et se reproduire ; l’exploitation artisanale du sel par la suite ne semble pas être incompatible avec son maintien.
Sur les sites pilotes de Noirmoutier, certains marais seront dédiés à la saliculture ; un partenariat sera établi avec l’exploitant pour définir les modalités de gestion appropriées pour la Tolypelle saline.
Afin d’améliorer les connaissances sur les conditions nécessaires (salinité, profondeur d’eau, substrat, pH etc.) au développement de la Tolypelle saline et des autres herbiers saumâtres, une étude est en cours de réalisation sur les marais salants de Guérande et du Mès.
En complément, des expérimentations vont également être mises en place sur certains bassins appartenant au Conservatoire du Littoral sur la commune de Mesquer afin de tester différentes modalités de gestion et de déplacement de l’espèce. La Tolypelle saline étant protégée, Cap Atlantique va faire une demande de dérogation afin de pouvoir mener ces expérimentations.
Les résultats de cette étude et des expérimentations permettront d’accompagner les paludiers ou sauniers confrontés à l’espèce pour garantir son maintien dans les salines exploitées. Ces résultats serviront également pour améliorer les gestions réalisées sur les bassins restaurés par le LIFE Sallina ou d’autres bassins gérés en faveur de la biodiversité.