Caractéristiques et enjeux écologiques
Les prés salés se rencontrent partout où des sables vaseux et des vases fines peuvent se déposer parallèlement au rivage. Sur le littoral français, on les rencontre dans les grands estuaires : Seine, Loire et Gironde.
Dans les conditions naturelles, ces prés salés (sur le «schorre») occupent la frange haute du rivage submersible aux grandes marées et présentent une végétation basse à moyenne qui supporte le sel et une certaine dessiccation.
Dans les marais visés par le LIFE Sallina, situés pour la plupart derrières les digues et ouvrages, sans variations de niveau d’eau aussi importantes, ces milieux sont également présents. Cet habitat est intimement lié à l’habitat « lagunes côtières » : les variations de niveau de l’habitat lagunaire permettent le développement d’habitats de type « prés salés » au sein des marais endigués.
L’originalité de cet habitat réside dans sa grande variabilité en fonction des niveaux topographiques : du bas schorre au haut schorre, jusqu’au prairies hautes des niveaux supérieurs atteint uniquement lors des très grandes marées.
Prés salés (Crédits photos : Cap Atlantique)
En ce qui concerne la faune, ces milieux peuvent accueillir des espèces d’oiseaux variées, telles que la Gorgebleue à miroir (Luscinia svecica namnetum) ou le Pipit farlouse (Anthus pratensis) durant la période de nidification, des populations de canards (anatidés) (grâce à la présence de Glycéries (Puccinellia maritima) qu’affectionnent par exemple les Bernaches cravants (Branta bernicla) mais aussi des rongeurs, des petits carnivores se nourrissant de vers, de mollusques et d’insectes ainsi que des prédateurs terrestres qui trouvent ici leurs proies. Ces milieux constituent également des zones majeures pour la croissance des poissons marins comme le Bar (Dicentrarchus labrax).
Au niveau floristique, ces milieux sont, selon les niveaux topographiques, dominés par les Graminées (notamment Chiendent du littoral Elytrea …..) ou par les Obiones, Aster, Soude, Limonium, Soude commune, Glycérie maritime… en fonction de leur étagement. On peut également y trouver des plantes menacées et protégées : du Cranson d’Angleterre (Cochlearia anglica, protégé au niveau régional) et de la Statice commune (Limonium vulgare, cueillette réglementée dans certains départements dont la Loire-Atlantique, commercialisation interdite en Vendée)
STATUT DE PROTECTION
Habitat inscrit à l’annexe I de la Directive Habitats, Faune, Flore (1330 : prés salés atlantiques)
Répartition et état de conservation sur les sites Natura 2000
Cet habitat se répartit sur l’ensemble des marais salants et salés, principalement le long des étiers, sur les digues ou dans des bassins de salines abandonnées depuis de nombreuses années.
Sur les territoires du LIFE Sallina, les prés salés couvrent 10 918 ha dont 434 ha dans les marais salants de Guérande et du Mès et 10 484 ha dans le Marais Breton et l’île de Noirmoutier (en attente d’actualisation de la cartographie des habitats).
Objectifs de conservation / menaces / actions prévues dans le LIFE
A l’échelle des marais, les objectifs de conservation visent le maintien des surfaces de l’habitat, aussi bien pour sa spécificité que pour son rôle d’accueil de la faune.
Dans les secteurs exploités, les menaces qui pèsent sur ces habitats sont les pratiques intensives d’entretien qui peuvent entraîner la disparition de ces habitats pionniers. Dans les secteurs en déprise, les menaces sont principalement la concurrence végétale du Baccharis halimifolia, des prunelliers. En concurrençant les cortèges floristiques naturels, ces espèces dégradent l’état de conservation de ces habitats.
Le LIFE Sallina prévoit la restauration et l’amélioration de l’état de conservation de près de 77 ha de prés salés par du débroussaillage, de la lutte contre les espèces invasives et du pâturage ainsi qu’un travail avec des paludiers afin de favoriser des pratiques de saliculture permettant le maintien de ces habitats.
Pourquoi cet habitat est visé par le LIFE ?
En tant qu’habitat de la Directive Habitats, Faune, Flore et très localisé à l’échelle de la façade atlantique européenne, les territoires du LIFE Sallina ont une responsabilité forte quant à sa préservation et à l’atteinte d’un bon état de conservation exigé par la Directive (état de conservation à l’échelle de la façade atlantique européenne jugé « défavorable – inadéquat » pour 50% de la surface totale et « défavorable-mauvais » pour 41%.